Dans un contexte de transition énergétique accélérée et de volatilité croissante des prix de l'électricité, le photovoltaïque devient bien plus qu’un simple outil d’économie d’énergie. Pour les entreprises belges, il constitue une décision stratégique, à la fois financière, fiscale et territoriale, capable de renforcer la résilience et de créer de la valeur sur le long terme.
Rentabilité et amortissement : un investissement judicieux
Retour sur investissement
L'installation de panneaux photovoltaïques permet aux entreprises de réduire durablement leurs coûts énergétiques. Le temps d’amortissement dépend fortement de la région, du taux d’autoconsommation et du mode de financement.
En 2025 :
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À Bruxelles, grâce aux certificats verts et aux aides locales, le retour sur investissement tourne autour de 7 ans.
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En Wallonie et en Flandre, un investissement de 1 000 € permet de générer environ 136 € d’économie par an, ce qui permet un amortissement entre 7 et 8 ans.
Incitants fiscaux et primes régionales
En Wallonie
Depuis janvier 2025, les entreprises peuvent bénéficier d’une déduction fiscale majorée de 40 % pour leurs investissements liés à la production d’énergie renouvelable. Cela concerne notamment les panneaux photovoltaïques, à condition que l’entreprise soit saine financièrement et que l’investissement soit amortissable sur 3 ans minimum.
À Bruxelles
Les certificats verts bruxellois permettent de rentabiliser un projet photovoltaïque même sans tarif de rachat avantageux. À cela s’ajoutent certaines primes communales et régionales destinées aux indépendants et PME. De plus, le tarif d’injection moyen varie entre 10 et 20 centimes/kWh, avec une TVA réduite à 6 %.
En Flandre
La prime Fluvius a disparu en 2024, mais les installations restent rentables grâce à la baisse du prix des modules et aux facilités de financement. Certaines entreprises peuvent recourir au prêt Mijn VerbouwLening, qui couvre jusqu’à 60 000 € d'investissements pour des rénovations énergétiques.
Souveraineté énergétique : vers des communautés d’énergie
Mutualisation de la production
Le développement de communautés d’énergie renouvelable (CER) ouvre la voie à une souveraineté énergétique locale. Dans certaines zones d’activités économiques, les entreprises se regroupent pour produire, stocker et partager l’électricité à l’échelle d’un parc ou d’un quartier.
Ces initiatives sont encouragées par la Wallonie, qui propose un cadre juridique et technique pour le partage d’énergie entre producteurs et consommateurs locaux.
Exemple : la CER du parc Primevères à Ath
Dans le parc d’activités “Primevères” à Ath, plusieurs entreprises ont mis en place une communauté d’énergie autour d’une installation photovoltaïque de 1 à 2 MWc. Le système produit environ 5 GWh/an, réinjectés dans un micro-réseau partagé.
Le projet est porté par l’intercommunale IDETA et des partenaires privés comme Lampiris. Ce modèle, qui combine production locale, consommation directe et stockage, offre une autonomie croissante aux entreprises membres .
Valorisation de l’image et avantage concurrentiel
Un outil de communication engageant
Au-delà des considérations techniques et économiques, le photovoltaïque constitue un levier d’image particulièrement efficace pour les entreprises. Dans un environnement B2B où les appels d’offres incluent de plus en plus de critères de durabilité, afficher une production d’énergie solaire sur site renforce la crédibilité des engagements RSE.
La transition énergétique devient aussi un argument marketing : il est plus simple de communiquer sur une installation photovoltaïque visible, concrète, et mesurable qu’un simple engagement compensatoire.
Conformité aux critères ESG
Les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) pèsent désormais dans l’accès au financement, en particulier pour les entreprises en croissance ou en levée de fonds. Produire une partie de son électricité via des sources renouvelables améliore le score environnemental d’une entreprise, ce qui peut faciliter l’accès à des conditions de crédit avantageuses ou à des marchés soumis à des exigences environnementales strictes.
Cette démarche proactive est d’autant plus pertinente qu’elle est complémentaire à une stratégie d’autonomie énergétique.
Anticiper les évolutions réglementaires et énergétiques
Un cadre en mutation
Les entreprises qui investissent aujourd’hui dans le photovoltaïque s’inscrivent dans une dynamique anticipatrice. La Belgique, dans le cadre du Pacte vert européen, a renforcé ses objectifs de neutralité carbone à horizon 2050. À court terme, cela se traduit par des obligations accrues pour les bâtiments tertiaires en matière de performance énergétique.
La directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments (EPBD), en cours de révision, pourrait introduire des obligations d’installation solaire sur les nouveaux bâtiments non résidentiels et lors de rénovations majeures. Intégrer dès maintenant des solutions photovoltaïques permet donc d’éviter des surcoûts futurs et de rester en conformité avec le cadre réglementaire à venir.
Volatilité du prix de l’électricité
La crise énergétique de 2022-2023 a démontré à quel point le prix de l’électricité pouvait devenir un facteur de risque économique. Même si le marché s’est stabilisé, la dépendance de la Belgique aux marchés internationaux reste forte.
Le développement du photovoltaïque, associé à des capacités de stockage et d’autoconsommation, constitue une assurance économique contre la fluctuation des prix et une contribution concrète à la stabilité du réseau électrique.
Conclusion
Le photovoltaïque n’est plus un gadget écologique, mais bien un vecteur de performance pour les entreprises belges.
En 2025, les conditions sont réunies : incitants fiscaux, maturité technologique, prix du matériel compétitif. En intégrant cette solution dans une démarche de long terme — individuelle ou collective — les PME, industriels et acteurs territoriaux peuvent gagner en compétitivité, en résilience et en autonomie.